Sorti au cinéma en 1999, Jill the killer est un film cultissime aux États-Unis où il fait l’objet d’abondantes controverses. Un policier mène une enquête dans les donjons des dominatrices de Boston, en découvrant les pratiques des Maîtresses et en se livrant lui-même à leurs jeux. Jill the killer évoque une sorte de Maîtresse américain, où le rôle principal est tenu par Dolph Lungren... qui se retrouve bondagé suspendu par les pieds en train de lécher les bottines en cuir rouge d’une dominatrice !
Les magazines fétichistes spécialisés comme Bizarre ont consacré à Jill the killer des dossiers de plusieurs pages en multipliant les superlatifs : “À voir absolument”, “Un jeu d’échec SM”, “Un film accrocheur”, “Il vous gardera riveté sur votre siège”, et notre préféré “Un tour de force” en français dans le texte.
Le qualificatif de “tour de force” est sans doute le plus judicieux car Anthony Hickox, le réalisateur anglais, réussit à montrer des scènes sadomasochistes (très) explicites dans un film grand public en les accompagnant de “full frontal nudity” (nudité totale de face) tout en contournant la censure américaine.
Les dialogues sont eux aussi explicites :
Une dominatrice - Il y a des gens très bien qui ont des instincts pervers, tu sais. C’est devenu d’une telle banalité.
Le policier - Tu n’arriveras pas à me convaincre. Quel plaisir peut-on trouver dans la douleur ?
Une dominatrice - Ce n’est pas la douleur qui préoccupe la plupart des gens, elle est insignifiante en général. C’est l’acte par lui-même. Ces gens jouent un rôle essentiellement. Des personnes comme Michaël ont tellement d’obligations et de responsabilités envers ceux qui les entourent que c’est une façon de se relâcher que de laisser le contrôle à un partenaire.
Le policier visite un club fétichiste fascinant, le club Emma Peel, des studios de dominatrices, sordides ou chics, ou encore un gigantesque donjon typiquement américain où officient plusieurs Maîtresses. Jill the killer dévoile en détail comment un client soumis remplit d’abord avec une dominatrice une fiche de renseignements sur laquelle il indique ses goûts avant d’être dirigé vers la Maîtresse appropriée qui le prendra en main, et le film montre aussi les fantasmes de clients dressés par une infirmière dominatrice, les soumis humiliés, mis en pénitence dans les couloirs d’un donjon, piétinés sous un talon aiguille, fouettés, ou encore bondagés lors de JRP (initiales de “Japan Rope Bondage”, bondage japonais avec des cordes : il convient de prononcer Djaiharpi). Au cours de sa poursuite d’une mystérieuse Maîtresse blonde, le policier va ainsi se rendre (inlassablement) chez plusieurs magnifiques dominatrices sublimées par des splendides tenues fétichistes.
La réalisation de Anthony Hickox est parfaite, formatée en courtes scènes ponctuées de fondues au noir, avec une véritable recherche esthétique, notamment lors des scènes de domination. Riche en rebondissements, le scénario recèle des véritables surprises, telles ces deux superbes sœurs dominatrices dont l’obsession est de punir les mâles. C’est incontestablement son immersion constante dans le monde des dominatrices professionnelles qui fait de Jill the killer un spectacle rare et captivant. Origine : États-Unis. Versions : français, et anglais sous-titré en français. Durée : 90 minutes.
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